Quelles sont les diffรฉrences entre le droit au bail et le pas de porte ? Quelle est leur dรฉfinition et ร quoi servent-ils dans le cadre de votre projet commercial ? Dรฉcouvrez tout ce quโil faut savoir sur ces deux concepts juridiques avant de vous lancer dans l’exploitation d’un commerce.
Lorsque vous vous lancez dans l’exploitation d’un commerce, vous pourriez รชtre confrontรฉ ร deux concepts juridiques : le droit au bail et le pas de porte. Bien que tous deux considรฉrรฉs comme des droits d’entrรฉe, ils diffรจrent dans leur nature et leur application. Le droit au bail est une somme que le locataire actuel demande ร celui qui souhaite reprendre le bail commercial. Il s’inscrit alors dans une des clauses du contrat de cession. En revanche, le pas-de-porte est exigรฉ par le propriรฉtaire (bailleur) au moment de la signature du bail avec un nouveau locataire. Comprendre ces notions est important pour tout entrepreneur envisageant de louer un local commercial.
Pas-de-Porte : Qu’est-ce que cette clause dans un bail commercial ?
Lorsquโun bail commercial est signรฉ, le propriรฉtaire peut inclure une clause concernant le pas-de-porte. Ce montant est demandรฉ au futur locataire au dรฉbut du bail, au moment oรน il prend possession des locaux. Il reprรฉsente un droit dโentrรฉe pour accรฉder ร l’espace commercial. Ce montant, nรฉgociรฉ librement entre les parties, dรฉpend souvent de l’attrait commercial de l’emplacement.
Le pas-de-porte peut รชtre vu comme une indemnitรฉ compensant divers avantages offerts par le propriรฉtaire, distincts du loyer. Il peut aussi servir ร compenser la dรฉprรฉciation potentielle du local sur la durรฉe du bail, surtout si celui-ci est long et renouvelable. En cas de reprise du local par le propriรฉtaire, ce dernier devrait verser une indemnitรฉ d’รฉviction, parfois consรฉquente. Le pas-de-porte peut alors รชtre perรงu comme une protection contre ce risque.
Parfois, le pas-de-porte est considรฉrรฉ comme un complรฉment de loyer. Cette approche peut protรฉger le propriรฉtaire contre une possible sous-รฉvaluation du loyer, sachant que les augmentations sont encadrรฉes. Lors du renouvellement du bail ou de la rรฉvision du loyer, le pas-de-porte intervient souvent en supplรฉment, calculรฉ selon l’ILC ou l’ILAT.
La clause de pas-de-porte doit clairement spรฉcifier sa nature, son montant et les modalitรฉs de paiement. Le propriรฉtaire a tout intรฉrรชt ร rรฉdiger cette clause de maniรจre prรฉcise et sans ambiguรฏtรฉ pour รฉviter tout litige futur.
Dรฉfinition et enjeux du droit au bail
Contrairement au pas-de-porte, le droit au bail ne se manifeste pas lors de la signature du bail commercial, mais plutรดt au moment de sa reprise. Il s’agit du montant que verse un nouveau locataire ร l’ancien lorsqu’il reprend le bail commercial. Ce droit dโoccupation des locaux est similaire au droit de renouvellement du bail. La clause correspondante dans le contrat de cession de bail permet au locataire entrant d’acquรฉrir les droits du bail en cours entre le locataire sortant et le bailleur.
En pratique, lorsqu’un locataire souhaite reprendre le bail d’un autre locataire sortant, il peut le faire en respectant les mรชmes conditions que celles du contrat initial, comme la durรฉe restante et le montant du loyer. Ce paiement est justifiรฉ par lโavantage de bรฉnรฉficier de conditions dรฉjร รฉtablies, surtout si le local est bien situรฉ ou si le loyer est infรฉrieur au marchรฉ.
ร la conclusion d’un bail commercial, un locataire a le droit de demander son renouvellement, connu sous le nom de droit au renouvellement du bail. Si un nouveau locataire entre en scรจne, le locataire sortant peut vendre son droit au renouvellement ร celui qui souhaite reprendre le bail. Ce droit est un atout significatif pour le locataire, car il peut รชtre considรฉrรฉ comme une forme de propriรฉtรฉ commerciale. Ainsi, le locataire a la possibilitรฉ de cรฉder ce droit ร un tiers, ce qui lui permet de rรฉaliser un bรฉnรฉfice financier.
De quoi dรฉpend le prix du droit au bail ?
Tout comme le pas-de-porte, le montant du droit au bail est dรฉterminรฉ par la loi du marchรฉ. Il dรฉpend de plusieurs facteurs, notamment de la durรฉe restante du bail et de l’attractivitรฉ du local et de sa zone. En thรฉorie, plus le loyer est faible et plus la durรฉe est longue, plus le montant sera รฉlevรฉ. Le droit au bail sert donc d’indemnitรฉ pour compenser un loyer sous-รฉvaluรฉ lors de la cession, ce dernier restant fixe jusqu’ร la fin du bail.
Cependant, le bailleur peut interdire ou limiter la cession du bail en ajoutant une clause dans le contrat. Nรฉanmoins, si le locataire prรฉvoit de cรฉder son fonds de commerce dans son intรฉgralitรฉ et que le nouveau locataire maintient la mรชme activitรฉ avec la mรชme clientรจle, le bailleur ne pourra pas s’y opposer.
Il est important de noter que le droit au bail et le pas-de-porte s’adressent ร des personnes diffรฉrentes : le premier est versรฉ au locataire sortant, tandis que le second est destinรฉ au bailleur.
Quelle est la fiscalitรฉ applicable au pas-de-porte et au droit au bail ?
La distinction entre pas-de-porte et droit au bail joue un rรดle clรฉ dans la fiscalitรฉ appliquรฉe aux parties prenantes d’un bail commercial. Il faut noter que le traitement fiscal du pas-de-porte varie lรฉgรจrement selon qu’il est considรฉrรฉ comme une indemnitรฉ ou un supplรฉment de loyer.
Quand le pas-de-porte fait office de supplรฉment au loyer, le bailleur doit l’intรฉgrer ร ses revenus imposables, que ce soit dans la catรฉgorie des revenus fonciers, des BIC ou de l’IS. De plus, si le loyer est soumis ร l’assujettissement ร la TVA, le pas-de-porte l’est รฉgalement. Du cรดtรฉ du locataire, cette somme est vue comme une charge dรฉductible, rรฉpartie sur la durรฉe du bail selon un pourcentage fixe.
En revanche, lorsque le pas-de-porte est qualifiรฉ d’indemnitรฉ, le bailleur n’est pas imposรฉ dessus. Le preneur, quant ร lui, doit l’inscrire ร l’actif de son bilan en tant qu’รฉlรฉment incorporel non amortissable.
Le rรฉgime fiscal du droit au bail se distingue de celui du pas-de-porte. Dans ce cas, le fisc prend en compte la somme issue de la vente du droit au bail pour calculer le bรฉnรฉfice imposable au titre des BIC du locataire sortant. Le nouveau locataire, lui, doit s’acquitter de droits d’enregistrement et inscrire le droit au bail comme immobilisation incorporelle non amortissable dans l’actif de son bilan.
Droit au bail ou fonds de commerce ?
Bien que le droit au bail fasse partie intรฉgrante du fonds de commerce, ce dernier ne se limite pas ร ce seul droit. Lorsqu’un entrepreneur cรจde son fonds de commerce, il transfรจre รฉgalement sa clientรจle. Par consรฉquent, le prix du fonds de commerce est gรฉnรฉralement supรฉrieur ร celui du droit au bail. Souvent, la vente du droit au bail se fait de maniรจre indรฉpendante de celle du fonds de commerce. Cependant, le bailleur a le pouvoir de s’opposer ร une vente du droit au bail sans inclure le fonds de commerce.
Le pas-de-porte est-il remboursable ?
Le locataire dโun bail commercial peut solliciter le renouvellement de son contrat. En cas de refus du bailleur, ce dernier est gรฉnรฉralement tenu de verser une indemnitรฉ dโรฉviction, sauf dans certaines situations particuliรจres. Cette indemnitรฉ vise ร compenser les pertes subies par le locataire รฉvincรฉ. Dans ce contexte, le remboursement du pas-de-porte n’est pas systรฉmatique. Cependant, le bailleur devra payer une indemnitรฉ รฉquivalente au montant du pas-de-porte versรฉ.
Comment fonctionne le bail amรฉricain ?
Le bail amรฉricain se caractรฉrise par l’absence de pas-de-porte et de droit au bail. Le locataire n’a donc pas ร verser de somme initiale au propriรฉtaire. En revanche, le loyer est souvent plus รฉlevรฉ dรจs le dรฉpart, car il inclut l’amortissement d’un droit d’entrรฉe et la valeur locative des locaux. Bien que le paiement initial soit rรฉduit, ce type de bail ne garantit pas de protection pour le locataire concernant les modalitรฉs de rรฉvision du loyer lors du renouvellement. De plus, en cas de cession, le locataire ne pourra pas rรฉcupรฉrer de droit au bail auprรจs du nouvel occupant.
En rรฉsumรฉ, le pas-de-porte et le droit au bail sont deux รฉlรฉments clรฉs dans la gestion des baux commerciaux, chacun jouant un rรดle distinct dans les transactions immobiliรจres. Comprendre leurs implications permet aux locataires et aux bailleurs de naviguer plus sereinement dans leurs accords.