Originaire du Liban oรน il a connu la guerre, Jean-Michel Karam arrive en 1990 en France.ย Il y termine ses รฉtudes avant de devenir ingรฉnieur dans une unitรฉ de recherche du CNRS ร Grenoble, spรฉcialisรฉe dans le domaine des MEMS. Puis, il se lance trรจs vite dans lโentrepreneuriat. De MEMSCAP, sa premiรจre entreprise fondรฉe en 1994, ร IEVA Group, en passant par Ioma, ce serial entrepreneur est reconnu dans le secteur de la beautรฉ pour avoir mis la technologie au service de la cosmรฉtique personnalisรฉe.ย
Jean-Michel Karam vit le travail comme un jeu auquel il participe avec sรฉrieux en plaรงant le sens comme rรจgle dโor. Son leitmotiv : ยซ Seuls se fรฉlicitent dโรชtre arrivรฉs ceux qui se savent incapables dโaller plus loin ยป (Amin Maalouf). Combatif, ambitieux et inspirant, il partage avec nous sa vision de lโentrepreneuriat au travers de son parcours.
L’entrepreneuriatย : un jeu sรฉrieux
Pas de recette du succรจs pour Jean-Michel Karam, qui nโutilise dโailleurs jamais ce terme. Fidรจle ร la citation dโAmin Maalouf ยซ Seuls se fรฉlicitent dโรชtre arrivรฉs ceux qui se savent incapables dโaller plus loin ยป, lโentrepreneur nโestime pas avoir franchi la ligne dโarrivรฉe. Il nourrit encore de nombreux projets pour le groupe Ieva (qui dรฉtient aujourdโhui deux rรฉseaux de franchise : LโAtelier du sourcil et Le Boudoir du regard). Son secret : une grande confiance en lui et sa capacitรฉ ร relativiser.
ยซ Pour moi, le travail est un jeu, dรฉclare-t-il. Quand on joue on peut perdre comme gagner, mais on sโamuse ! Il ne faut pas donner aux choses plus que leur valeur, ni laisser le stress nรฉgatif vous abรฎmer la vie. Il faut qu’il reste positif, parce quโร ce moment-lร , il vous stimule. ยป
En disant cela, Jean-Michel Karam n’incite en aucun cas les entrepreneurs ร bรขcler leur travail. Il les encourage plutรดt ร relativiser leurs รฉchecs en gardant en tรชte que toute entreprise passe par des hauts et des bas.
Selon lโentrepreneur, cโest cette capacitรฉ ร relativiser ses รฉchecs et ร ne pas dramatiser une situation, qui permet de rรฉflรฉchir positivement et de revenir ร lโattaque jusquโร accumuler les victoires. ยซ Cโest comme dans le sport : on ne gagne pas tous les matchs. On apprend d’ailleurs davantage dans la dรฉfaite que dans la victoire. ยป
Autrefois basketteur de haut niveau, Jean-Michel Karam voit de nombreux points communs entre lโentrepreneuriat et le sport. ยซ Le basket est un sport qui va trรจs vite mais qui se prรฉpare. Quand on s’entraรฎne, on s’entraรฎne tactiquement sur des schรฉmas de jeu : on dรฉfinit un ยซ business plan ยป.
Et quand on exรฉcute le plan de jeu, on le fait trรจs rapidement. Jโaime cette image parce quโelle ressemble beaucoup ร mes boรฎtes : on rรฉflรฉchit, on a une vision et ensuite on l’exรฉcute trรจs vite et trรจs fort. ยป
Selon lโentrepreneur, le sport apprend รฉgalement la combativitรฉ. Une qualitรฉ quโil estime indispensable pour un crรฉateur d’entreprise. ยซ Dans le travail, on joue toujours contre des concurrents ou sur un marchรฉ. Il faut รชtre combatif et vouloir gagner. Je suis un compรฉtiteur, je nโaime pas perdre. Cโest ce qui fait que je suis toujours en action. ยป
Lโentrepreneuriat, une histoire de combativitรฉ et de prise de risque
Au cours de sa carriรจre Jean-Michel Karam a souvent fait la preuve de sa combativitรฉ et de sa confiance en lui. Une qualitรฉ qui lui a toujours permis de rรฉussir ce quโil entreprenait et qui lโa poussรฉ ร se lancer. Avant de crรฉer sa premiรจre sociรฉtรฉ, Jean-Michel Karam รฉtait chercheur au CNRS de Grenoble . Le directeur du laboratoire, Bernard Courtois, รฉtait aussi son directeur de thรจse.
Ce dernier lโa de suite soutenu dans son projet de se lancer. Il lui a mรชme proposรฉ de bรฉnรฉficier de la loi Allรจgre, qui permet aux chercheurs de se mettre en disponibilitรฉ le temps de crรฉer une entreprise. C’est une sorte de sรฉcuritรฉ qui les autorise ร reprendre leur ancien poste en cas dโรฉchec. Mais lโentrepreneur nโa pas voulu entendre parler de cette solution.
ยซ Quand tu lances une boรฎte, il y a forcรฉment des moments trรจs durs. Jโallais forcรฉment vivre des moments difficiles. Mais si jโavais eu un parachute, je l’aurais ouvert. Je ne voulais pas de parachute, je voulais apprendre ร voler ยป raconte Jean-Michel Karam.
Ce saut dans le vide, lโentrepreneur lโa vรฉcu comme une immense prise de risque. ยซ Aujourdโhui, jโai la double nationalitรฉ franco-libanaise, mais ร lโรฉpoque si jโรฉchouais, je perdais ma carte de sรฉjour. Je ne perdais pas seulement mon job mais la possibilitรฉ de rester en France. Donc cโรฉtait trรจs risquรฉ pour moi. Cโest ce qui me faisait le plus peur. Mais, jโai toujours eu une รฉnorme confiance en moi, cโest ce qui a toujours fait ma rรฉussite ! ยป Un pari fou et ambitieux que Jean-Michel Karam a remportรฉ.
Une seule rรจgle dโorย : donner du sens
Si lโentrepreneur assume pleinement son ambition, il refuse de faire du business ร nโimporte quel prix. La crise sanitaire a รฉtรฉ pour lui lโoccasion dโune remise en question. Il s’est interrogรฉ sur ce qui รฉtait vraiment important pour lui.
ยซ Je considรจre que les affaires peuvent รชtre vraiment une force pour le bien. Cโest bien de gagner de lโargent, et il le faut, mais on ne peut pas faire de lโargent sur tout et nโimporte quoi. Aujourdโhui, je ne veux faire que des choses qui ont un sens pour moi, qui apportent quelque chose ร mon รขme et qui sont compatibles avec mes valeurs. ยป martรจle Jean-Michel Karam.
Preuve en est, cette anecdote quโil nous raconte sur lโun des produits de sa marque Ioma. Cette rรฉfรฉrence reprรฉsentait alors 28 % du chiffre dโaffaires sur le marchรฉ amรฉricain. Mais lโentrepreneur constate un jour que lโun des ingrรฉdients prรฉsent dans la formule nโest pas de bonne qualitรฉ. Il dรฉcide donc de retirer le produit du marchรฉ immรฉdiatement.
ยซ Nos produits sont utilisรฉs par ma famille, donc je ne veux aucune saletรฉ dedans. Je ne veux rien vendre de mauvais aux gens, mรชme si รงa rapporte de lโargent. Jโai la chance de pouvoir faire รงa, tout le monde nโen a pas les moyens. Mais je pense quโon peut toujours se donner les moyens de faire du business une force pour le bien. ยป conclut-il.